Démarche
Démarche
Le processus de création de Natalja Scerbina s’inscrit dans une approche post-anthropocentrique de l’art, où l’attention portée au vivant, au non-humain et aux matières marginalisées devient un geste critique. Son travail se nourrit des éléments hétérogènes qu’elle amasse, cueille et trie : roches, sable, fragments végétaux, rebuts, matières transformées. Ceux-ci peuvent être utilisés à la composition des œuvres ou se révéler être des points de départ opérant comme genèse à la création. Ces matériaux, qu’ils soient organiques ou issus des résidus de l’activité humaine, deviennent les vecteurs d’une pensée écologique du sensible.
Ses œuvres ne cherchent pas à dominer la matière, mais à cohabiter avec elle. Elles rendent perceptibles des formes de présence souvent ignorées, révélant les tensions entre le visible et l’invisible, le naturel et l’artificiel. Ce déplacement perceptif invite à une reconfiguration de notre rapport au monde, à la fois matérielle et affective, où chaque fragment porte la mémoire de son environnement. Dans cette esthétique du résiduel, Scerbina propose une lecture relationnelle et non hiérarchique du vivant, où les œuvres deviennent des écosystèmes à part entière.
La série “ FLUAGES ” est une recherche picturale qui est née de ma fascination pour la nature en général et l’eau en particulier. L’eau comme sujet universel tout autant que le rapport personnel envers cet élément. L’eau, comme source d’inspiration sans cesse renouvelée pour des générations de peuples et d’artistes. Elle qui subjugue encore et toujours par son immensité et l’immanence de ses effets sur l’ensemble de la vie. Cet élément de la nature a servi de genèse pour plusieurs mythes à travers les siècles. Le titre du projet emprunte un terme qui décrit une transformation normalement lente des glaciers sous l’effet de la gravité mais qui devient de plus en plus rapide dans les dernières années. Les œuvres proposent une transcription plastique de l’expérience de perception sensorielle; à travers les paysages imaginaires et la peinture parfois représentative, parfois abstraite. Il s’agit ici d’une tentative poétique de capter la fugacité, d’exprimer un engouement pour l’éphémérité de la nature et d’approcher l’essence de ce qui est intangible. Le choix de se concentrer sur ce thème illustre le fil conducteur de ma démarche artistique qui fouille les liens intimes entre l’être humain et la nature, ainsi que les stades de mutation des éléments naturels.
La série ARAKS témoigne de mon intérêt pour un phénomène naturel appelé aurores boréales. Le corpus explore la substance de la lumière ainsi que son bagage mythologique et tire son nom d’un programme spatial franco-russe d’observation et de manipulation des aurores boréales. Nombre de peuples ont raconté les mystères de cette lumière dansante et nombre de scientifiques se sont penchés sur les origines et les effets de ces résultats d'orages solaires. La recherche évoque un équilibre précaire entre la beauté et ses potentiels dangers car tout ce que la lumière rends visible, elle l’abîme et dégrade doucement de manière irréversible.